LA PEDAGOGIE PAR SITUATION PROBLEME

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La pédagogie par situation problème, adaptée à l’enseignement par compétences,  est  aujourd’hui largement sollicitée auprès des enseignants.

1. Afin de clarifier les choses, commençons par définir la situation problème par  la négative.

a) La situation problème, ce n’est pas une problématique.

C’est la confusion la plus fréquente. Les enseignants qui choisissent cette méthode cherchent à sélectionner une série de « bonnes questions » , de problématiques susceptibles d’intéresser les élèves et permettant, par leur exploration, de développer les compétences souhaitées :

  • Pourquoi les américains construisent-ils d’aussi grands buildings alors qu’ils ne manquent pas d’espace ?
  • Pourquoi n’ai-je reçu  que 1000 euros sur mon compte en banque alors que mon employeur m’avait promis  un salaire de 1400 ?

Quand se pose la question d’évaluation des compétences, ils ne voient en général pas du tout en quoi la « situation problème »  apporte quelque chose de neuf par rapport à leur pratique habituelle.

b) La situation problème, ce n’est pas un problème « réel » à résoudre.

  • Notre école résisterait-elle à un séisme de magnitude 7 ?
  • Il faudrait arriver à réduire la facture du chauffage de l’école.

Chercher à résoudre de vrais problèmes est tout à fait intéressant pour travailler les compétences, mais cette démarche requiert des conditions de travail plus difficiles à réunir : il n’est pas toujours possible de garantir  les moyens pour leur résolution dans le cadre scolaire. La situation problème se différencie par son côté fictif.

2. Mais, qu’Est- ce donc une situation problème ?

C’est :

  • une tâche concrète à accomplir dans certaines conditions qui supposent que les élèves franchissent un certains nombres d’obstacles incontournables pour y arriver.
  • une fiction toujours sous contrôle.
  • Une partie des outils d’une pédagogie fondée sur l’autoconstruction des savoirs.

a. Les obstacles.

Les obstacles sont directement liés aux « manques » des élèves : manque de connaissances, de savoir-faire ou absence de comportement et d’attitude adéquats. Nous retrouvons ici des notions familières en pédagogie (savoirs, savoir-faire, savoir-être).

b.Les conditions.

La tâche à accomplir est assortie de conditions d’exécution (ressources matérielles ou humaines, contraintes diverses).

Une situation problème doit être stimulante et éveiller un désir, une curiosité pour l’élève.  De même elle doit être sécurisante pour le mettre en confiance dans ses possibilités de développement personnel.

En conclusion, la situation problème ne doit être ni trop facile, parce qu’alors l’élève n’apprendrait pas grand-chose, ni trop difficile, sous peine d’abandon  ou de repli dans une attitude de dépendance à l’égard du professeur ou de ses condisciples.

c. La fiction sous contrôle.

En principe, si elle est bien pensée (tâche et conditions d’exécution), la situation problème est très largement sous le contrôle de l’enseignant. Il doit pouvoir anticiper ce qui va se passer au moment où les élèves s’attelleront  à la tâche, prévoir les difficultés de toute nature qu’ils rencontreront et les outils qu’ils auront besoin pour les résoudre.

d.L’autosconstruction des savoirs.

Une situation problème met l’élève en recherche. Elle sera d’autant plus pertinente qu’elle aura du sens pour lui, notamment si elle peut être facilement reliée à des situations de vie rencontrées par ailleurs.

3. Comment procéder pour créer des situations problèmes ?

Cela exige plusieurs choses :

a. un certain état d’esprit

Une situation problème pertinente reflète toujours l’intégration réussie de trois éléments :

  • un profond désir que les élèves apprennent quelque chose qui aie du sens pour eux, et donc une bonne connaissance de ces derniers (de leurs besoins, de leurs centres d’intérêt)
  • une forte conviction que les élèves sont tous capables d’apprendre par eux-mêmes et une volonté de chercher à cerner leur zone de développement.
  • Une grande rigueur dans la définition de la tâche et des conditions d’exécution.

b.Avoir des idées de tâches

La démarche de situation problème peut faire peur parce qu’elle fait appel à notre créativité et que certains s’en sentent démunis.

La recette, c’est d’ouvrir les portes, de ne pas cloisonner notre vie professionnelle en limitant nos recherches pédagogiques  et de nous laisser interpeller à tous moments.

Certains diront c’est sans doute plus facile à dire qu’à faire… Mais je pense que c’est une question d’habitude et de confiance en soi.

Toute situation de vie est susceptible de nous donner des idées, puisqu’elle mobilise nécessairement des savoirs, des « savoirs-faire » et des « savoirs-être ».

Une publicité, une émission TV, la préparation d’un repas, une ballade en forêt, le choix d’un logement, une carte postale à écrire, un concert, une chanson, … Tout ce que les hommes réalisent depuis qu’ils existent constitue un réservoir de tâches susceptibles de devenir porteuses sur le plan pédagogique ou éducatif.  Alors pensons surtout aux situations de vie rencontrées par les élèves.

En partant des objectifs obstacles.

  • A partir du sujet que l’on souhaite aborder, demandons-nous ce que les élèves ont besoin d’apprendre qu’ils ne savent pas déjà et quelles opérations mentales nous souhaitons qu’ils exercent.
  • Demandons-nous ensuite dans quelle situation les plonger pour qu’ils soient obligés de passer par l’apprentissage voulu pour surmonter l’obstacle, réussir le défi, résoudre l’énigme, etc …

Réfléchir en termes d’obstacles, c’est inventer une situation qui crée le besoin d’apprendre. Il nous suffit donc d’orienter autrement notre manière habituelle de réfléchir en termes d’objectifs et de capacités.

c. Déterminer les contraintes et les ressources

Matériel, documents, minutage, contraintes de tout type…

L’enseignant s’assure que les conditions d’exécution de la tâche vont effectivement permettre aux élèves de la réussir en développant les compétences et capacités souhaitées et en apprenant quelque chose de neuf.

d. Anticiper pour vérifier la pertinence du dispositif

Il faut imaginer très précisément ce qui va se passer pour vérifier si la  tâche est réalisable et si les objectifs seront atteints.

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